À propos de la joie

Un geste d’amour rejaillit sur bien plus de monde que les seuls protagonistes. Quelqu’un qui reçoit de l’amour est disposé à en donner à son tour, c’est la joie du receveur. Le donneur n’est pas en reste. Il tire sa récompense de cette joie donnée et qui augmente la sienne. La lueur de joie et de reconnaissance qui brille dans les yeux du receveur pousse le donneur à vouloir en offrir davantage et plus souvent. Il se nourrit également de ce bonheur dans le regard d’autrui, ce sourire sur le visage, ce tressaillement de l’autre.

Réfléchissez ! Combien de fois ne vous êtes-vous pas fait la promesse d’être désormais plus prévenants lorsqu’ayant souri, dit un mot gentil ou aidé quelqu’un, vous avez vu dans ses yeux une lueur de joie et de reconnaissance ?

Un geste d’amour peut également inspirer un témoin qui, s’en réjouissant, décide d’être désormais un vecteur conscient de cette alliance universelle.

Vous est-il déjà arrivé que votre humeur massacrante s’adoucisse soudainement au sourire d’un enfant, à la tendresse d’un regard même quand il ne vous était pas adressé ? Comment vous êtes-vous sentis en assistant à une scène où un sans-abri offre le peu qu’il a à quelqu’un ? Quelle résolution avez-vous prise à l’instant même ?

Au cours d’une soirée-surprise organisée par mon amie Cherita, j’ai proposé le livre “À la vôtre” en n’omettant pas de mentionner que la totalité des bénéfices est consacrée à l’aide de jeunes sans-abri. Mon amie Hermione qui était présente s’en est procuré et nous a fait un récit bien particulier. Au cours d’une soirée très froide, tandis qu’elle attendait l’autobus dans la rue, un sans-abri lui a spontanément offert une paire de chaussettes. Elle n’en avait pas spécialement besoin mais a été touchée par le geste et a donc accepté. Elle nous a raconté avec émoi comment elle a été touchée et s’est fait la promesse de ne jamais se départir de cette paire.

L’amour attendrit les cœurs et nourrit le monde. Telle une traînée de poudre, il se répand, nourrissant au passage protagonistes, témoins et spectateurs. On éprouve de la joie à aimer et à être aimé. Il ne saurait exister d’amour sans joie. Cette plénitude, lorsqu’elle est vécue en dépit de ce qui se passe, car alimentée par l’amour, est un pied de nez aux coups sordides du destin. Un peu comme les propriétés du gingembre et du curcuma qui sont décuplées lors de leur mélange, ainsi en est-il de la culture constante de l’amour et de la joie. L’amour apaise et la joie égaie. Le mélange des deux galvanise et crée une sensation d’invincibilité. Ce délicieux cocktail offre une traversée paisible et agréable de la vie peu importe les embûches du voyage. Il y a de la force dans la joie.

 

AJS